L’Artemisia, plante utilisée contre le Covid-19 ? Une Française à l’origine de l’initiative de Madagascar




Lucile Cornet-Vernet, fondatrice de l’ONG qui soutient les vertus curatives de cette plante, se réjouit que le président malgache ait officiellement lancé un remède capable, selon lui, de prévenir et de guérir les malades du Covid-19.


 Le président de Madagascar Andry Rajoelina buvant de « Covid Organics » ou CVO, lancé lors d’une cérémonie le 20 avril. A base d’Artemisia il est supposé aider à lutter contre le Covid-19.

Par David Opoczynski
Le 23 avril 2020 à 15h24
« On peut changer l'histoire du monde entier ! » Le président malgache Andry Rajoelina a officiellement lancé lundi, à grandes gorgées, le Covid-Organics, un « remède » à base d'Artemisia annua.

Cette plante d'ordinaire utilisée pour lutter contre le paludisme - mais dont l'OMS ne reconnait pas l'efficacité - serait selon le dirigeant de Madagascar la clé de l'épidémie de coronavirus. « Cette tisane donne des résultats en sept jours. On a fait des tests, deux personnes sont maintenant guéries par ce traitement », s'est-il réjoui devant les caméras.

Dans ce pays, la boisson est désormais distribuée gratuitement comme un médicament aux personnes les plus vulnérables, et mise en vente dans les pharmacies et les supermarchés. Si l'Organisation mondiale de la santé rappelle qu'il n'existe pour l'heure « aucune preuve » que la mixture puisse « prévenir ou guérir la maladie » et qu'en France, son usage artisanal n'est pas recommandé par les autorités sanitaires, une Française se félicite de la décision d'Andry Rajoelina. Orthodontiste de profession, Lucile Cornet-Vernet s'est lancée il y a plus de sept ans dans la recherche sur les vertus de l'Artemisia et la cultive elle-même dans son jardin. Fondatrice de l'ONG « La Maison de l'Artemisia », dont les travaux ont influencé l'initiative malgache, elle estime que cette annonce est une source de « grandes espérances » au niveau international.

Que représente la démarche de Madagascar autour des vertus de l'Artemisia ?

LUCILE CORNET-VERNET. C'est un formidable coup de projecteur. Après, ils l'ont fait à leur sauce, je n'ai rien à dire, je ne suis pas dans un fauteuil de président de la République, et encore moins à Madagascar que je connais très peu. Mais ça peut changer beaucoup de choses : maintenant l'Artemisia annua a une existence, légale déjà dans ce pays, et sur la scène internationale. Donc c'est l'occasion d'en discuter et pour les chercheurs de lire la bibliographie que nous mettons sur notre site.

C'est en voyant vos recherches que le président malgache a pris sa décision. Comment avez-vous procédé ?

On a écrit à tous les ministres de la Santé, à tous les présidents dont on avait les coordonnées. Certains nous ont rappelés, comme Madagascar, en disant : Oui ça nous intéresse, comment peut-on faire ? On a donné la bibliographie à leurs instituts de recherche comme l'IMRA (Institut malgache de recherche appliquée). Après, ce qu'ils en font, et comment ils le font, je n'ai aucune main là-dessus. On est simplement pourvoyeurs d'informations et de documents, sachant que peu de personnes travaillent sur cette question car il n'y a pas d'argent à se faire. Cette Artemisia est un bien commun ! Qui peut pousser n'importe où. Personne n'aura de retour sur investissement.

En aucun cas, on n'assure que ça guérit. Donc nous appelons vraiment les chercheurs à se pencher massivement sur la question. Avoir à disposition un traitement si peu cher - cette plante pouvant pousser derrière toutes les maisons en Afrique ou ailleurs - et qui peut aider les personnes à combattre la maladie, serait quand même une très, très, bonne nouvelle. Parce que si en France on a un super système de santé - même s'il y a eu tout ce qu'on sait - pensons quand même à ces milliards de personnes pour qui le confinement est quasi impossible et qui luttent chaque jour pour survivre. On essaie de jouer un rôle d'alerte puisque ce n'est pas l'industrie pharmaceutique qui va le faire. Et des chercheurs en Allemagne, aux Etats-Unis et bien sûr en Afrique se penchent aussi sur la question.

Comment avez-vous glissé de l'utilisation de l'Artemisia pour lutter contre le paludisme à son emploi face au Covid-19 ?

Je suis tombée sur un article qui expliquait que tous les patients malades du Covid-19 en Chine avaient aussi eu une prescription de médecine traditionnelle chinoise, donc des plantes. En fouillant, j'ai constaté que même dans les cas de débuts de symptômes pulmonaires, ils ajoutaient de l'Artemisia annua. Ça a un peu fait tilt. Je me suis dit que si les Chinois, qui utilisent cette plante depuis des millénaires, la donnent à des malades du Covid, ce n'est pas pour rien. La Chine mise sur une complémentarité des deux médecines. 70% des médicaments que nous avons sont issus des plantes ! On a une liste de plantes toxiques, ce n'est pas pour rien non plus. Il y a bien des effets liés aux plantes.

L'Artemisia n'est pas reconnue en France ?

Les gens disent souvent qu'elle est interdite, ce n'est pas le cas. C'est une plante d'origine chinoise qui n'est pas inscrite à pharmacopée française. Mais celle-ci s'enrichit chaque année donc si à la fin de Covid plein de chercheurs ont vu un intérêt à l'Artemisia annua face à ce type de virus, pourquoi ne pas imaginer demander à l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) d'en établir une monographie pour qu'elle puisse ensuite être utilisée lors d'une éventuelle prochaine épidémie. Ensemble imaginons l'après Covid avec des zones de cultures de plantes médicinales, capables de prévenir un certain nombre de maux. Et faisons des études sérieuses - parce qu'il ne s'agit pas de trucs de grands-mères - pour savoir combien il faut en prendre, quelle est la toxicité, etc... Mais, osons dire, le tout médicament a une limite. Dans certains pays d'Afrique, la moitié des médicaments en circulation sont des faux alors que les gens se saignent aux quatre veines pour les acheter. Il a suffi qu'on parle de l'hydroxychloroquine pour que l'Afrique soit envahie de centaines de fausses petites boîtes.

Vous ne redoutez pas la méfiance de l'OMS ?

Ça n'a pas l'air de partir comme ça. Je pense au contraire que la porte s'entrouvre pour la coexistence entre deux approches. Je crois que la population mondiale attend cela aussi. Je le sens et je le vois tous les jours. Donc j'ai beaucoup d'espoir.

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